La fabrique politique du journal
Pierre-Sébastien Laurentie (1793-1876), un antimoderne au temps de Balzac
L’itinéraire de Pierre-Sébastien Laurentie, publiciste d’origine modeste qui connaît une ascension grâce aux réseaux de la Congrégation, éclaire un milieu bourgeois royaliste et catholique oeuvrant pour le renouveau de son mouvement à travers la presse dans une France postrévolutionnaire. Antiromantique, Laurentie accède rapidement à une fonction de journaliste national et devient ultra. N’ayant pas fait l’expérience de la Révolution française, il prend des chemins de traverse dont ses journaux se font l’écho. Par eux, Laurentie souhaite catholiciser le mouvement royaliste et s’appuie sur Lamennais. Plus enclin à la modernité après 1830, il est, avec Berryer, l’un des chefs de file du légitimisme légaliste. La rupture avec Lamennais en 1834 marque l’échec de sa politique d’unité : un fossé se creuse entre légitimistes et catholiques que seule la défense de la liberté d’enseignement rapproche un temps. Après 1835, le désenchantement envahit les colonnes des journaux de Laurentie, même si les événements exceptionnels de 1848 et de 1870-1871 le forcent à redéfinir l’action politique de son mouvement. L’auteur fait de ce journaliste le témoin de la complexité politique et littéraire de son temps.