La situation de la classe laborieuse en Angleterre
En 1845, après avoir passé deux années à Manchester, Friedrich Engels (1820-1895) publie un texte étonnant. Depuis la ville "cheminée du monde", le berceau de la Révolution industrielle britannique, il a enquêté sur les conditions de travail et d’existence des ouvriers, en s’appuyant sur de nombreuses publications et sur ses propres observations. Il s’est intéressé aux différents secteurs du monde ouvrier : fabriques textiles, mines et domaines agricoles. Horaires des usines, travail des femmes et des enfants, accidents et maladies, logement, pauvreté, immigration, culture : toutes les dimensions de la vie ouvrière sont scrutées dans un réquisitoire contre l’exploitation dans les bagnes industriels. Le compagnon de Karl Marx y ajoute une perspective : les prolétaires des temps modernes mènent des grèves et des luttes résolues, ils constituent des trade-unions et s’engagent dans des mouvements politiques comme le chartisme. C’est, écrit-il, "la guerre des pauvres contre les riches".