Le deuil inachevé
La commémoration de l'Armistice du 11 Novembre 1918 en France dans l'entre-deux-guerres
Fête à la fois nationale, locale, familiale, de la victoire et de la paix, le 11 Novembre occupe une place centrale dans l'univers commémoratif de l’entre-deux-guerres. Outre la force émotionnelle des lieux du souvenir et des symboles qui lui sont attachés, le caractère exceptionnel du 11 Novembre s’explique également par le fait que la commémoration de la guerre est liée à la transmission d’une dette envers les morts, d’une tâche morale en forme d’héritage et de promesse qui implique la réalisation d’un projet, socialement et historiquement défini, concernant l’avenir de la communauté nationale.
Ce livre retrace l’évolution de la fête de l’Armistice, de ses origines controversées jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, en interrogeant les continuités et les ruptures avec les structures culturelles précédentes, les fonctions du rituel et de ses symboles, les affrontements idéologiques, parfois violents, entre agents du souvenir, enfin les composants du discours commémoratif. L’auteure propose de voir dans l’anniversaire de l’Armistice un lieu de mémoire et d’espoir à la fois, marqué par les grands débats sociaux et idéologiques de la France de l’entre-deux-guerres et qui cristallise la crise de confiance d’une société sortie en vainqueur de l’une des plus extraordinaires épreuves de son histoire mais aussi profondément mutilée. L’histoire du 11 Novembre est ici présentée comme une histoire de dettes et d’attentes, en somme d’un deuil inachevé.