Amphithéâtre rempli d'étudiants en présence d'un conférencier

Genre et classes populaires, 2015-2016

Séminaire "Genre et classes populaires".
Année 2015 / 2016 "Routine­s"

A la croisée de l’histoire et de la sociologie, le séminaire "Genre et Classes Populaires" se propose d’étudier les rapports sociaux de sexe/de genre à l’intérieur des classes populaires. Dans le sillage de l’année précédente, le séminaire poursuit son interrogation sur la notion de "routine­s" pour approcher et analyser le monde social "par en bas" au plus près des pratiques et des discours des actrices et des acteurs. La routine renvoie à la répétition d’actions ordinaires au quotidien, à des habitudes ancrées dans les corps et les esprits des individus. L’histoire se désintéresse souvent de cette temporalité mineure en faveur de l’évènement, de l’exceptionnel, reproduisant alors la vision négative de la routine comme monotonie, "train­ train" quotidien, voire ennui. La sociologie est plus attentive aux dimensions ordinaires, elle qui cherche les régularités du monde social. Elle fait pourtant peu souvent l’effort de retracer précisément les activités qui appuient quotidiennement les tendances générales observées au niveau d’un groupe social. La routine renvoie à des actions invisibles car banales et attendues. Cette temporalité est plutôt celle du féminin que du masculin ; le temps du travail domestique en étant l’exemple le plus flagrant. Toutes les activités peuvent néanmoins être envisagées dans leur dimension routinière et quotidienne et ainsi montrer sur quel ensemble d’actions leur perpétuation repose. En étudiant le quotidien et l’ordinaire des activités sociales les plus diverses (allaiter, fumer, travailler chez soi, etc.), mais aussi la façon dont la routine est bousculée par l’évènement, le séminaire cherchera ainsi à retrouver un sens plus positif de la notion de routine : celle de savoir ­faire intériorisé, parfois jusqu’à l’automatisme, acquis par la pratique et par l’expérience. La notion renvoie alors aux apprentissages souvent invisibles, aux processus d’incorporation du social, non pas seulement comme norme mais aussi comme compétence, comme savoir­ agir et savoir­ être, et donc aussi comme possibilité d’action. N’est ­ce pas précisément dans le quotidien que se cachent les marges de manœuvre et les petits détournements des normes sociales que le séminaire cherche à identifier depuis plusieurs années ? Et, d’un autre côté, comment est­ ce que ces petits détournements ouvrent la possibilité pour la routine, force d’inertie, d’évoluer ? A la manière de Judith Butler, nous pouvons penser les routines comme des performances qui confirment les identités par la réitération routinière mais qui offrent aussi un espace d’agency. Les séances se déroulent le jeudi à partir de 17h, à l’Université Paris 1 Panthéon­ Sorbonne et sont composées d’un.e discutant.e et d’un.e ou deux intervenant.e.s autour d’une sous­ thématique commune.

Attention : les séances avec deux intervenant.e.s durent 3 heures au lieu de 2 habituellement. Le séminaire a lieu en salle Picard 3, entrée au 17 rue de la Sorbonne, 75005, escalier C, 3ème étage, la salle Picard 3 est après les portes battantes. L’entrée des bâtiments est libre, indiquez aux gardiens à la porte que vous venez pour assister à un séminaire. 

Programme

Jeudi 1er octobre : Le quotidien de l’allaitement (17h­19h) Caroline Chautemps (anthropologue, Université de Lausanne) : "Du “rythme du bébé” au rythme des tétées : en quête d'une “routine” d'allaitement".
NB: La première séance aura lieu dans la salle de l’IHMC, à l’Ens, 45 rue d’Ulm

Jeudi 26 novembre : La routine du quartier (18h­20h) Collectif Rosa Bonheur (sociologues, CLERSE): titre à préciser.

Jeudi 14 janvier : La routine des aliénés (17h­20h) Anatole Le Bras (historien, Sciences Po Paris):  "Perturbation de la routine et internement. Entrée et sortie des internés à l’asile d’aliénés de Quimper. 1850­1900" et Paul Marquis (historien, Sciences Po Paris): "Fumer au quotidien, norme ou déviance ? Sur les pratiques tabagiques a l'hôpital psychiatrique de Blida­ Joinville (1933­1963)".

Jeudi 11 février (17h­-19h) : La routine à l’hôtel Amélie Beaumont (sociologue, CSU) "L'importance du contact quotidien dans la transformation des pratiques genrées : le cas de l'apprentissage des classes supérieures par les employés de l’hôtellerie de luxe".

Jeudi 24 mars : Penser la routine en Révolution (17h­19h) Déborah Cohen (historienne, Université de Rouen): "Des hommes dénaturés par le despotisme ? La Révolution française et l'idée d'habitude, 1789­1795".

Jeudi 14 avril (17h­19h) : Institution et routine Mathilde Rossigneux-­Méheust (historienne, Université Paris 1 Panthéon­ Sorbonne) : "La mise en place de la routine dans les hospices de vieux, entre soins, soucis d'administration, et volonté d'encadrement".

Jeudi 26 mai (17h­19h) : La déviance au quotidien Amélie Nuq (historienne, Université Pierre ­Mendès­ France de Grenoble) : "Mauvaises filles et mauvais garçons: redresser les jeunes déviant­e­s dans l'Espagne franquiste".

Jeudi 23 juin : Travailler chez soi : routines de travail, routines familiales (17h­20h) Caroline Mazaud (sociologue, École supérieure d’agriculture d’Angers / Université de Nantes) : "Porosité des sphères professionnelles et familiales chez les artisans" et Frédérique Letourneux (sociologue, EHESS / Université de Nantes): "“Travailler chez soi”. Enjeux de négociation autour de la constitution d'un espace de travail dans un espace domestique".