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Colloque

Actualité et histoire de l’inceste. Entre occultation et révélation

Auditorium 150, Campus Condorcet, Aubervilliers

Le colloque aura lieu en présence et, pour le public, une inscription en ligne est obligatoire:
https://www.ehess.fr/fr/colloque-dervi

 

Porteur d’une véritable déflagration médiatique, le livre de Camille Kouchner (La Familia grande, 2021) a propulsé l’inceste et le « silence » qui l’entoure sur la scène publique et politique entrainant une accélération du processus de libération de la parole de milliers de victimes. Les sciences humaines et sociales, notamment l’anthropologie des XIXe et XXe siècles, avaient pourtant posé l’inceste comme un interdit fondateur de toute société humaine (Durkheim ; Lévi-Strauss), incitant à le penser comme un invariant culturel dépouillé d’historicité. Interdit, censé être inexistant, voire réputé indicible, l’inceste ne pouvait être appréhendé comme une réalité empirique ni faire l’objet de débats publics.

 Aujourd’hui, et de manière croissante depuis une vingtaine d’années, ce paradigme incestueux vole en éclats. La dénonciation des violences sexuelles commises sur les enfants est devenue omniprésente dans l’espace public, les campagnes de prévention se succèdent, les affaires de violences incestueuses défraient la chronique judiciaire, les témoignages de victimes investissent les médias et les réseaux sociaux, ainsi que d’autres formes narratives (cinéma, littérature, BD). Enfin, de récents sondages ont montré que l’inceste était une pratique courante : un Français sur dix, soit 6,7 millions de personnes, disent en avoir été victimes (sondage IPSOS, 2020).

Alors que depuis une trentaine d’années, les études issues de champs disciplinaires variés (psychanalyse, histoire, anthropologie, gender studies) ont surtout mis en évidence le silence qui pèse sur l’inceste, ce colloque inverse les perspectives pour interroger le moment crucial du dévoilement de l’inceste à des échelles (familles, réseaux institutionnels, médias), en des contextes (familial, judiciaire, administratif, médiatique, littéraire), suivant des modalités (révélation, dénonciation, témoignage, signalement, récits, « affaire ») et avec des répercussions variables (indignation, indifférence, déni, scandale). Il s’agit aussi de penser le fait incestueux comme une violence perpétrée dans la trame ordinaire du quotidien, malgré l’indignation collective, en apparence unanime, qu’il soulève sur la place publique.

Trans-périodes et pluridisciplinaire, ouvert sur des échelles diverses, du local à l’international, ce colloque prend le parti de donner la parole aux chercheurs ainsi qu’aux acteurs du monde professionnel (psychologues, psychanalystes, travailleurs sociaux, magistrats) et artistique.

Mercredi 6 octobre 2021

après-midi

13h30. Accueil des participants

14h00-14h10. Mot d’accueil par Caroline CALLARD (vice-présidente chargée de la recherche et du campus Condorcet, EHESS)

14h10-14h20. Présentation par l’équipe DERVI

14h20-14h45. Introduction par Marie Rose MORO (psychiatre, professeure des Universités, université Paris-Descartes, cheffe de service de la Maison de Solenn), "Inceste : la parole aux enfants ?"

SESSION 1 : L’INCESTE RÉVÉLÉ EN CONTEXTE CLINIQUE
Président : Walter ALBARDIER (psychiatre, Paris)

14h45-15h05. Laure RAZON (psychologue, psychanalyste, maîtresse de conférences-HDR, université de Strasbourg), "Familles incestueuses : fonctions du secret et effets de l’accès à la parole"

15h05-15h30. Patrick AYOUN (pédopsychiatre, psychanalyste, CHU de Bordeaux), "Histoires de mineures victimes d’inceste ou l’intérêt d’une prise en charge spécialisée"

15h30-16h00. Discussions

16h00-16h20. Pause, café

16h20-16h40. Francis ANCIBURE (psychologue, expert judiciaire, enseignant, université de Bayonne), "Le grand secret"

16h40-17h10. Camille DELACROIX et Nadia POURE (psychologues cliniciennes, Centre médico-psychologique de l’Oise, université de Paris), "L’une parle, l’autre pas"

17h10-17h30. Marie-Jeanne GENDRON-GARNIER (psychologue clinicienne, psychanalyste, Paris), "L’herbe coupée sous le pied. De l’inceste au travail de réaccordage"

17h30-18h00. Discussions

 

Jeudi 7 octobre 2021

 

Matinée

SESSION 2 : LES POUVOIRS DE LA PAROLE
Président : Mathieu TRACHMAN (sociologue, chargé de recherches, INED)

9h00-9h30. Accueil, café

9h30-9h50. Claudine BLANCHARD-LAVILLE (sciences de l’éducation, professeure des Universités, université Paris-Nanterre) « Vers des modalités transitionnelles de la transmission »

9h50-10h10. Anne-Emmanuelle DEMARTINI (historienne, professeure des Universités, université Paris 1 Panthéon Sorbonne), « Casser la loi du silence ? La transmission familiale du passé de Violette Nozière »

10h10-10h40. Discussions

10h40-11h00. Pause, café

11h00-11h20. Lucie WICKY (sociologue, doctorante, INED), « Effets des normes d’âge et de genre sur la prise de parole et sa réception au sein du cercle familial »

11h20-11h40. Léonore LE CAISNE (anthropologue, directrice de recherches, CNRS), « Inceste : qu’est-ce que savoir et dire ? »

11h40-12h00. Moïse TAMEKEM NGOUTSOP (sociologue, enseignant-chercheur, université de Bamenda), « Du dévoilement de l’inceste aux paroles d’expiation : analyse d’une thérapie collective en socio-culture Béti au Cameroun »

12h00-12h30. Discussions

12h30-14h00. Déjeuner

 

Après-midi

SESSION 3 : L’INCESTE RÉVÉLÉ EN JUSTICE (DISCOURS ET PRATIQUES)

Présidente : Anne-Claude AMBROISE-RENDU (historienne, professeure des Universités, université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)

 

14h00-14h20. Didier LETT (historien, professeur des Universités, université de Paris), « Les violences incestueuses dans les registres judiciaires de Bologne aux XIVe et XVe siècles »

14h20-14h40. Gwenaëlle CALLEMEIN (historienne du droit, maîtresse de conférences, université Côte d’Azur), « Nommer l’innommable : le juge face aux rumeurs d’inceste en Savoie (1729-1792) »

14h40-15h00. Marie ROMERO (sociologue, EHESS), « La qualification pénale de l’inceste : l’ultime tabou des violences sexuelles sur mineurs ? Une enquête au sein de quatre tribunaux français correctionnels et pour enfants (2010) »

15h00-15h30. Discussions

15h30-15h50. Pause, café

15h50-16h20. Julie DOYON (historienne, chercheure senior, FNSR, université de Fribourg) et Fabienne GIULIANI (historienne, post-doctorante, EHESS) « Dire la sexualité incestueuse en justice (France, XVIIIe-XIXe siècles) »

16h20-16h40. Cristina FERREIRA (sociologue, professeure associée Haute École de Santé du Canton de Vaud), « "La force m’a manqué…". Quand l’expertise psychiatrique dédramatise l’acte incestueux à la lumière d’identités masculines en déroute (Genève, 1960-1970) »

16h40-17h10. Jean BÉRARD (sociologue, maître de conférences, École normale supérieure Paris-Saclay) et Nicolas SALLÉE (sociologue, professeur agrégé, université de Montréal), « Revenir sur les silences. Les violences sexuelles familiales (Québec, 1950-1980) et leur jugement des décennies après les faits »

17h10-17h40. Discussions

 

DÎNER DU COLLOQUE *
* réservé aux intervenants

Vendredi 8 octobre 2021

Matinée

SESSION 4 : L’INCESTE RENDU PUBLIC : ENJEUX POLITIQUES ET SOCIAUX
Présidente : Christine BARD (historienne, IUF, professeure des Universités, université d’Angers)

9h00-9h30. Accueil, café

9h30-9h50. Marianne CLOSSON (maîtresse de conférences en littérature, université d’Artois), « Coupable ou victime ? Analyse du topos de la femme séductrice dans les récits d’inceste de la première moitié du XVIIe siècle »

9h50-10h10. Claire CHATELAIN (historienne, chargée de recherches-HDR, CNRS), « L’inceste au premier degré, argument de droit sous Louis XIV : une étude de cas »

9h10-10h40. Discussions

10h40-11h00. Pause, café

11h00-11h20. Inès ANRICH (historienne, doctorante, université Panthéon Sorbonne), « Le couvent face à l’inceste dans la France du XIXe siècle ? Enjeux politiques et familiaux de la dénonciation de l’inceste dans les oppositions des parents à l’entrée en religion de leur fille, à travers le cas de Louise Prévost »

11h20-11h40. Sabine CHALVON-DEMERSAY (sociologue, directrice de recherches, CNRS, directrice d’études, EHESS), « Fantôme d’inceste : adaptations télévisées et transformation des sensibilités morales »

11h40-12h00. Peter HALLAMA (historien, FNS, post-doctorant, université de Berne), « Le socialisme et la légalité socialiste face aux violences incestueuses »

12h00-12h30. Discussions

12h30-14h00. Déjeuner

Après-midi

SESSION 5 : LES MOTS DE L’INCESTE. AUTOUR D’HERVÉ BRÉHIER

Présidente : Julie DOYON (historienne, chercheure senior FNSR, Université de Fribourg)

 

14h00-14h20. Léonore LE CAISNE (anthropologue, directrice de recherches, CNRS) : « Hervé Bréhier, artiste plasticien »

14h20-15h30. Hervé BRÉHIER (artiste plasticien), « Un rejeton »

15h30-16h00. Discussions

16h00-16h20. Pause, café

16h20-17h00. Conclusions par Irène THÉRY (sociologue, directrice d’études, EHESS)

 

COMITÉ D’ORGANISATION 

Anne-Claude Ambroise-Rendu (CHCSC, université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)
Sylvaine Camelin (LESC, université Paris-Nanterre)
Anne-Emmanuelle Demartini (CRHXIXe, université Paris 1 Panthéon Sorbonne)
Julie Doyon (FNS, université de Fribourg/ Pléiade, université Sorbonne Paris Nord)
Fabienne Giuliani (CEMS, EHESS-CNRS)
Léonore Le Caisne (CEMS, EHESS-CNRS)

 

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Walter Albardier (psychiatre, responsable du CRIAVS d’Ile-de-France)
Christine Bard (historienne, IUF, professeure d’histoire contemporaine, université d’Angers)
Pascal Bastien (historien, professeur d’histoire moderne, université du Québec à Montréal)
Elisabeth Claverie (anthropologue, directrice de recherche émérite, CNRS)
Alain Corbin (historien, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Panthéon Sorbonne)
Agnès Fine (anthropologue, directrice d’études émérite, EHESS)
Vincent Gourdon (historien, directeur de recherche, CNRS)
Thomas Laqueur (historien, professeur émérite, université de Berkeley)
Véronique Le Goaziou (sociologue, chercheure associée, LAMES-CNRS)
François-Joseph Ruggiu (historien, professeur d’histoire moderne, université Paris-Sorbonne, CNRS)
Denis Salas (magistrat, président de l’Association Française pour l’Histoire de la Justice)
Sylvie Steinberg (historienne, directrice d’études, EHESS)
Simon Teuscher (historien, professeur, université de Zurich)