Axe 3 : Citoyennetés, sûretés, sécurités, souverainetés

Porteurs : Eric Fournier, Arnaud Houte, Guillaume Mazeau

Membres participants : Fabrice Bensimon, Jacques-Olivier Boudon, Jean-Noël Luc, Vincent Robert, Dominique Kalifa

Cet axe s'inscrit dans la continuité des deux derniers contrats et poursuit les travaux d'envergure internationale sur l'axe sécurité, forces de l'ordre, déviances et criminalités. On se reportera à la partie bilan pour prendre la mesure de l'ensemble du chantier. Pour la suite, l'axe se propose de renouveler l'approche en se déplaçant des constructions étatiques et institutionnelles, dont l'étude sera approfondie, dans la continuité des recherches menées lors des deux précédents contrats, pour se recentrer sur les acteurs non-étatiques tout en s'interrogeant sur la dialectique ordre et désordre. Il s'agira d'interroger le fait que le développement du monopole de la violence légitime étatique ne va pas de soi au cours d'un long XIXe siècle et de comprendre comment des acteurs ordinaires entendent garantir eux-mêmes le droit à la sûreté et donc exercer des prérogatives régaliennes, sinon un ordre alternatif. Cette histoire par en bas, " constructiviste ", attentive aux acteurs, aux pratiques, aux gestes, aux objets - plus qu'aux institutions - se pencherait sur les différentes formes de milices populaires, de groupes d'autodéfense, politiques ou civile, et de manière plus globale, sur toutes les pratiques informelles de la sécurité et de la régulation sociale Ce sera également l'occasion d'interroger la question des armées non étatiques: milices de défense, " armement général du peuple " et antimilitarisme des armes retournées. Ce faisant, il prolonge les études précédentes sur le fait militaire. Cet axe ne peut faire l'économie des violences et invite donc à l'étude des paroxysmes, à la suite du Village des cannibales d'Alain Corbin. Cet axe interrogeant les brèches de l'ordre étatique ordinaire pourrait aussi s'intéresser aux régimes d'exceptions, états de siège, états d'urgence (mais aussi aux délitements de l'Etat en période de crise) et aux réactions des populations. Cet axe sur les groupes citoyens et la sûreté/sécurité publique, en armes ou non, concerne un vaste espace géographique, au-delà de l'Europe, notamment les sociétés coloniales et les espaces américains. La période étudiée serait un long XIXe siècle de la révolution aux années 1930 (question des ligues et des groupes d'autodéfense).