Appel à communication

APPEL À COMMUNICATIONS : Doctoriales CRHXIX – 2024

Doctoriales CRHXIX – 2024
 
APPEL À COMMUNICATIONS 
 
Les Doctoriales du Centre d’Histoire du XIXe siècle (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Sorbonne Université) auront lieu le mercredi 24 avril 2024. Si elles constituent une occasion de réunir les doctorant.e.s du Centre pour échanger sur des thématiques communes, elles accueillent aussi volontiers des communications de jeunes chercheuses et de jeunes chercheurs extérieur.e.s. Elles se structurent en deux demi-journées, consacrées respectivement à une interrogation méthodologique et à une interrogation thématique.

Pour l’édition 2024, les sujets retenus sont les suivants : "Archives sensibles : une approche différente de l’histoire contemporaine" et "Lieux mystérieux, une histoire à dévoiler"


 
Sujet méthodologique : Archives sensibles : une approche différente de l’histoire contemporaine


Les archives sont constitutives du travail de recherche dans les disciplines des sciences humaines et elles sont au cœur du travail historique. Elles sont l'empreinte des activités sociales, économiques, artistiques, politiques, belliqueuses, etc. des sociétés au cours du temps. Elles révèlent la trace de leurs évolutions pratiques et techniques en se matérialisant sous des formes manuscrites, tapuscrites, photographiques, iconographiques, audiovisuelles… Cette versatilité fait apparaître au moins trois types de sensibilité portant sur : les contenus, les contextes de production et les supports. Si elles nourrissent l’histoire, les archives ne sont pourtant pas toujours accessibles aux chercheur·euse·s par le fait de règles, principalement édictées par le code du patrimoine français, sur les délais de communicabilité[1] - renforcés pour les documents dont le contenu est dit sensible par la loi de 2008[2] - ou les normes de conservation.  Les délais de communication influencent par exemple l’accès aux archives administratives considérées comme secrètes du fait de leur contenu ou de leur contexte de création. Ces documents sont de surcroît protégés par les lois de 2011 et de 2020[3], imposant la déclassification des archives par l’administration avant communication et qui font peser sur les chercheur·euse·s qui révéleraient ces secrets avant déclassement, des poursuites au titre du code pénal (art. 413-9).

Les normes de conservation portent quant à elles sur la sensibilité matérielle du document comme c'est le cas pour la photographie, le film ou la presse du XIXe siècle, dont les supports sont fragiles, et imposent souvent des modes de communication alternatifs , au format numérique par exemple. Aussi, il faut considérer l’impact que peut avoir sur la recherche la dématérialisation des archives, rendues inaccessibles pour le maintien de leur intégrité.

Quelles sont les méthodes déployées pour mobiliser ou contourner ces contraintes? Comment l’historien s’approprie-t-il son objet lorsque ces sources sont inaccessibles matériellement ou administrativement ? Si ces contraintes sont manifestes pour la France, s’expriment-elles de la même manière pour des fonds consultés à l’étranger ?

 

 Sujet thématique : Lieux mystérieux, une histoire à dévoiler


Ce sujet sur les lieux mystérieux dans la France du XIXe siècle invite à réfléchir aux acteurs·ices, aux récits, aux images et aux pratiques qui participent à la matérialisation de ces espaces qui sont difficiles à connaître de par leur caractère secret, tabou ou inaccessible. D’après l’analyse de Foucault sur les hétérotopies de crise, les lieux mystérieux seraient des « espaces autres », « réservés aux individus [et aux choses] qui se trouvent, par rapport à la société, et au milieu humain à l’intérieur duquel ils vivent, en état de crise[4] ». Autrement dit, le lieu existe parce que les personnes ou les choses qui l’habitent et les phénomènes qui s’y produisent sont interdites d’accès ou difficiles à comprendre et à expliquer. Le lieu mystérieux est un lieu clos ou semi-clos qui n’a pas vocation à être vu de tous : il est protégé par un ensemble de règles ou d’interdits moraux qui varient dans le temps et dans l’espace. L’actualisation du tabou par la transmission de récits est-elle constitutive de la réalité du lieu ? Comment le lieu mystérieux advient-il par sa « mise en intrigue[5] » ? Si les lieux de mémoire étudiés par Pierre Nora constituent une « mythologie collective[6] » de l’histoire, les lieux mystérieux formeraient une « mythologie des tabous » dans la France du XIXe siècle : lieux sacrés dont les rites ne sont expliqués qu’aux seuls initiés ; lieux hantés et protégés par des forces supérieures et invisibles auxquelles les récits prêtent des formes diverses ; lieux d’intimité tels que la chambre nuptiale qui abrite la relation sexuelle « dans le secret d’une pièce fermée[7] » ; lieux de la mort - cimetières, chapelles, tombeaux - qui sont éloignés du monde des vivants et qui expriment la peur des revenants. Les dimensions géographiques et idéelles de ces lieux contribueront à écrire une histoire matérielle et sensible de leurs représentations.


Modalités de participation :
 
La durée de chaque communication est fixée à 15 minutes. La participation aux Doctoriales du 24 avril 2024 donnera lieu à une publication dans la revue des doctorant.e.s du Centre, Page 19
 
Calendrier :

 
 28 février 2024 : Date butoir pour adresser les propositions de communication à pagedixneuf@gmail.com (fichier .odt, .doc ou .docx). Les propositions doivent comprendre :

o   Un titre (même provisoire)     
o   Un résumé de 4 000 signes maximum     
o   Une présentation de quelques lignes, mentionnant l’université, le laboratoire de recherche et accompagnée, le cas échéant, d’un lien vers une page personnelle.       

 8 mars 2024 : Réponse aux auteur-e-s.

     
 24 avril 2024 : Journée d’études des Doctoriales

     

 30 mai 2024 : Date butoir pour adresser les communications écrites (40 000 signes espaces compris + bibliographie de 10 titres + présentation de l’auteur.e). Début des navettes de relecture.
 

 automne-hiver 2024 : Publication en ligne sur le carnet du Centre d’Histoire du XIXe siècle (https://crhxixe.hypotheses.org/)
 

Comité de rédaction
Marie-Ange Canville

Nina Meisel

Laure Pesquet

Loan Peuch

 

           

 

[1] Code du patrimoine, art. 1, L. II, Régime général des archives, voir particulièrement les art. L213-1 à 213-2.

[2] Loi de refonte du régime de communication des archives publiques n°2008-696 du 15 juillet 2008, qui impose un délai de communicabilité de 50 ans pour les documents pouvant porter atteinte au secret de la défense nationale, et jusqu’à 100 ans pour ceux pouvant porter atteinte à la sécurité d’individus nommés ou pouvant être facilement identifiés.

[3] Instructions Générales Interministérielles des 30 novembre 2011 et 13 novembre 2020.

[4] Michel Foucault, "Des espaces autres" (conférences de 1967 publiée en 1984), in Dits et écrits II, 1976-1988, Paris, Gallimard, 2001, p. 1575-1576.

[5] Jean-Didier Urbain, "Lieux, liens, légendes", Communications, vol. 87, no 1, 2010, p. 99-107, en particulier p. 102.

[6] Christian Jacob, "Lieux de mémoire, lieux de savoir", in Qu’est-ce qu’un lieu de savoir ?, Marseille, OpenEdition Press, 2014, consulté en ligne le 8 novembre 2023, http://books.openedition.org/oep/655.

[7] Aïcha Limbada, La nuit de noces. Une histoire de l’intimité conjugale, Paris, La découverte, 2023, p. 144.