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AAC : Journée d’étude L’africanisation du clergé catholique, du début du XXe siècle à l’époque des indépendances : entre romanisation et autonomisation

 

 

Journée d’étude

L’africanisation du clergé catholique,
du début
du XXe siècle à l’époque des indépendances :
entre romanisation et autonomisation

Sorbonne Université, 9 juin 2023

Appel à communications

Au XXe siècle, le modèle missionnaire en Afrique subit d’importantes mutations, qui le font entrer progressivement dans la période des décolonisations. Le phénomène majeur, dès le début du siècle et surtout après la Seconde Guerre mondiale, est le développement du clergé africain, féminin comme masculin. Il intervient sous l’impulsion de Rome (Maximum illud en 1919 ; Rerum Ecclesiae en 1926) qui cherche à assurer le maintien du catholicisme dans les sociétés africaines. Le développement progressif du clergé africain, puis son accès à des fonc­tions d’encadrement dans les structures missionnaires - parfois même à l’épiscopat, comme en Ouganda (1939) ou au Cameroun (1955) -, prépare le transfert de l’organisation missionnaire vers une organisation diocésaine, généralement dans les années 1960.

La journée d’étude propose d’étudier l’évolution des différents acteurs de l’organisation missionnaire, européens et surtout africains, face à cette évolution subite. Elle voudrait, en par­ticulier, mettre en valeur la richesse des analyses qui peuvent être tirées de l’étude du clergé africain à la fin de la période coloniale, trop peu présent dans l’historiographie. Organisée en lien avec l’ANR GLOBALVAT, la journée d’étude saisit l’occasion de l’ouverture, en 2020, des archives vaticanes correspondant au pontificat de Pie XII (1939-1958). Elle veut souligner la fécondité des thèmes qui peuvent être traités, dans une perspective transimpériale, à partir de ces sources (en particulier les archives de la Congrégation de Propaganda fide), ainsi qu’à partir des sources missionnaires.

Axes de recherche proposés :

  1. Profils du clergé africain à la fin de la période coloniale

La journée d’étude pourra donner lieu à des études de cas sur les origines et la formation du clergé africain, ainsi que sur les positions qu’il occupe. On pourra aussi s’interroger sur les formes et les fondements des discriminations dont il est l’objet. En effet, le développement du clergé africain illustre les équivoques de la pensée missionnaire, et plus généralement du dis­cours « civilisateur » : d’un côté les missionnaires s’engagent, avec plus ou moins d’enthou­siasme, dans la promotion du clergé local ; d’un autre côté ils émettent des réserves, inspirées de préjugés raciaux, sur ses compétences, et le cantonnent le plus souvent dans des positions subalternes. Des réflexions sur le développement de congrégations féminines africaines et sur leur place dans les évolutions de l’organisation missionnaire seront bienvenues.

  1. Identités et pratiques du clergé africain : entre romanisation et appropriation

Les prêtres africains appartiennent à une élite, religieuse mais aussi sociale et politique, plus ou moins européanisée, qui apparaît comme tiraillée au moins entre trois pôles de fidélité. En premier lieu les congrégations missionnaires, qui ont formé les prêtres et auxquelles ils ap­partiennent parfois. Les religieuses africaines, de la même manière, sont des actrices fondamen­tales de la mise en œuvre et de l’appropriation du projet social des missionnaires par les Afri­cains. En deuxième lieu l’identité romaine, fortement revendiquée par le clergé africain : perçue comme un élément d’appartenance universelle, elle peut prendre une valeur égalisatrice, par- delà les appartenances raciales, et constituer un facteur d’émancipation de la hiérarchie carac­téristique des situations coloniale et missionnaire. Enfin, le clergé africain se définit par des appartenances locales multiples et parfois concurrentes : ethniques, régionales, nationales.

En termes culturels, on pourra s’interroger sur la tension entre la romanisation à laquelle est soumise le clergé africain, féminin comme masculin, et les dynamiques d’appropriation dont il est acteur. À partir de l’entre-deux-guerres, les autorités missionnaires promeuvent une forte européanisation, aussi bien en termes de formation que de liturgie ou de mode de vie, qui pour­rait être analysée comme une politique d’assimilation. Pourtant, même si les autorités mission­naires se montrent opposées à toute forme d’hybridation jusqu’au concile Vatican II, le déve­loppement du clergé africain repose sur des processus d’appropriation des normes qu’on pourra mettre en valeur.

  1. Le clergé africain dans l’évolution des structures missionnaires

L’organisation missionnaire est composée d’acteurs multiples aux stratégies parfois anta­gonistes. On s’interrogera sur leur rôle, des débuts du développement du clergé africain, jusqu’à la prise en charge par celui-ci des diocèses africains. Rome, d’abord, parvient à imposer son autorité sur l’organisation missionnaire à partir de l’entre-deux-guerres, notamment par l’envoi de délégués apostoliques, et fixe comme priorité l’africanisation du clergé. Les missionnaires, ensuite, quoique généralement convaincus de la nécessité de former le clergé africain, peinent souvent à s’adapter au changement de paradigme imposé par Rome, qui remet en cause la place des missionnaires dans la hiérarchie coloniale et l’union étroite entre mission et colonisation. Le clergé africain, enfin, sur lesquels la journée d’étude voudrait centrer l’analyse, pour mettre en valeur leur agency dans ce contexte de bouleversement du modèle missionnaire.

  1. Le rôle des clercs africains dans les élites sociales et politiques émergentes

Les clercs africains prennent part à la naissance des identités nationales naissantes de fa­çons diverses et parfois antagonistes. Certains s’approprient le projet social des missionnaires en participant à l’appropriation du catholicisme par les sociétés locales, à son intégration dans les identités nationales en cours de formation et à la lutte contre d’autres influences (commu­nisme). Pour d’autres, au contraire, l’engagement social et politique passe par la lutte anticolo­niale et par la contestation des missionnaires.

 

Comité scientifique :

Jacques-Olivier Boudon (Sorbonne Université)

Laura Pettinaroli (École française de Rome)

Claude Prudhomme (Université Lumière Lyon 2)

Oissila Saaidia (Université Lumière Lyon 2)

Magloire Somé (Université Joseph Ki-Zerbo)

Laurick Zerbini (Université Lumière Lyon 2)

Organisation : Édouard Coquet (Sorbonne Université)

Les propositions de communication (300 mots maximum, en français ou en anglais) seront en­voyées avant le 30 septembre 2022 à l’adresse : edouardcoquet@hotmail.com. Elles devront comporter une indication des sources disponibles pour traiter le sujet, et être accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique (100 mots maximum).

La prise en charge des frais de transport et de séjour est conditionnée à des financements dont les demandes sont en cours. Une publication est envisagée dans une revue à comité de lecture.