Porteurs : Sébastien Denis, Sébastien Le Pajolec
Cet axe se consacre à l’histoire des représentations dans le cadre d’une histoire culturelle des XIXe et XXe siècles. Les travaux menés dans le cadre du précédent quinquennal sur les représentations et les imaginaires sociaux se poursuivront autour d’objets et de problématiques renouvelés. Le projet global portant sur les représentations de l’histoire par l’image et les sons sera approfondi ; toutefois, plusieurs sous-axes ont été sélectionnés pour le prochain contrat.
4.1. L’écriture du XIXe siècle, de Napoléon à la Belle Époque, par les fictions audiovisuelles (cinéma et télévision)
Ce projet de grande ampleur, réalisé en partenariat avec l’INA et le CNC, a pour but de constituer une base de données mise en ligne progressivement, et de réfléchir à des ateliers méthodologiques, au cours desquels chaque séance associera un historien et un historien des images autour d’un mini-corpus de fictions (adaptations d’un auteur, période, événement figure, stéréotype, réalisateurs ou scénaristes…). Des journées d’étude thématiques (sur une période traitée, une périodisation de fictions), puis un colloque conclusif seront organisés. On s’y interrogera sur les représentations du XIXe dans les fictions étrangères de manière comparative et on y travaillera sur les questions de reconstitution du passé au sein des fictions historiques (décors, costumes, musique…).
4.2. Représentations de la criminalité et de la délinquance
Dans ce sous-axe, deux projets seront principalement conduits. L’un s’intitulera « Les Écrans de la délinquance juvénile ». Fin 2023, un colloque sera co-organisé par Sébastien Le Pajolec, avec des membres du laboratoire dans le conseil scientifique (en lien avec l’axe 3). Ce colloque vise à une écriture de l’histoire audiovisuelle des déviances juvéniles ; il est lié à une exposition coproduite par le Ministère de la Justice, à laquelle participent également plusieurs membres de l’équipe (Sébastien Le Pajolec, Myriam Tsikounas). L’autre projet s’intitule « Histoire et mémoire familiale liées au crime ». Dans le prolongement des recherches sur l’histoire du temps et de ses imaginaires, menée par Dominique Kalifa, et dans la continuité des travaux d’Anne-Emmanuelle Demartini sur les affaires criminelles et sur l’inceste, ce projet portera sur la mémoire du crime, abordée sous l’angle encore jamais étudié de l’articulation entre histoire et mémoire familiale. Il s’agira, à partir d’une étude de cas, d’analyser la transmission d’un passé familial marqué par le crime et la peine, en suivant le jeu du silence et de la parole sur une temporalité transgénérationnelle. Du point de vue méthodologique l’enquête intègrera une réflexion collective sur les entretiens comme sources de l’histoire et l’organisation d’une rencontre spécifiquement consacrée aux expériences de recherche confrontant l’historien aux descendants des acteurs historiques qu’il étudie. Cette piste de recherche rejoindra un projet connexe qui mettra à profit les compétences croisées des chercheurs de cet axe sur les médias et des spécialistes de l’histoire du crime, en étroite collaboration avec l’axe 3, pour étudier les imaginaires contemporains de la famille à partir d’une réflexion sur les modalités de publicisation des violences intrafamiliales et la construction médiatique de la parentalité et des identités familiales.
4.3. Images sociales et régimes de réception
Dans ce sous-axe, plusieurs projets seront mis en œuvre qui permettront d’interroger la construction d’imaginaires sociaux par l’image, les conditions de leur diffusion, leurs modalités de circulation et leurs régimes de réception incluant des formes de fortunes et d’infortunes culturelles. Le projet « Représentations de l’accident urbain » consistera en des approches croisées entre les images fait-diversières et le corpus satirique de la presse d’un long XIXe siècle, en particulier sur le traitement visuel et audiovisuel des catastrophes et accidents. Une journée d’étude est envisagée sur les représentations fixes et animées de l’incendie du Bazar de la Charité (1897), qui servira de point de départ à la mise en place de ce chantier. Un projet consacré à la photographie ethnographique en France et en Europe (années 1880-années 1960) étudiera les modalités de production de la photographie documentaire dans le cadre des enquêtes-collectes folkloriques et ethnographiques, et analysera les circulations de cette imagerie et les usages (scientifiques, éditoriaux, patrimoniaux, muséologiques…) qui en ont été fait, dans la perspective d’une compréhension des imaginaires des sociétés urbaines et rurales, dont on cherchait au même moment à écrire l’histoire « par le bas ». Un autre chantier sera conduit, dans la suite du contrat qui vient de s’écouler, sur les rapports entre statues publiques, colonisation et décolonisation, qui prendra en compte les monuments érigés par la France dans ses anciennes colonies et ceux installés dans l’espace métropolitain, pour saluer voire célébrer les héros de l’entreprise coloniale française. On étudiera donc les conditions d’apparition et de développement de ce corpus d’images publiques et monumentales, principalement au XIXe siècle, à l’ère de la statuomanie agulhonienne, et les modalités de leur destitution, tant dans le cadre de la décolonisation et des Indépendances du milieu du XXe siècle, que dans celui des mouvements actuels d’une contestation mondialisée, à l’heure de « Rhodes Must Fall » et de « Black Lives Matter ».
Par ailleurs, deux programmes de recherche se consacreront à l’étude d’objets audiovisuels, qui appartiennent à la tradition de l’ancienne équipe ISOR fondée et dirigée par Myriam Tsikounas, devenue l’axe 4. Un colloque, intitulé 20 % de femmes : les réalisatrices françaises des années 1990, sur les réalisatrices françaises des années 1990, organisé en partenariat avec l’université Paris 8 étudiera l’émergence d’une génération de femmes cinéastes dont les films ont été jusqu’ici très peu étudiés. L’objectif du colloque serait de contribuer à restaurer leur place dans l’histoire du cinéma français contemporain. Le programme « En quête de variété(s) », co-organisé avec l’INA et l’université Sorbonne-Nouvelle, dans le cadre d’un financement de Sorbonne Alliance (Paris 1/Sorbonne Nouvelle), visera à analyser les représentations des variétés à la télévision française (1949-1984), mais aussi à en interroger les modalités de conception et de production, afin de mieux comprendre les points de convergence entre spectacles vivants, industrie du disque et télévision. Le programme comprendra un séminaire de deux ans, une journée d’étude et un colloque conclusif.