Évènement

Conférences - Petit Palais

La transformation de Paris sous le Second Empire a fait longtemps sous-estimer les mutations qu’a connues la capitale entre les années 1880 et 1910 : accueillir un million d’habitants supplémentaires, intégrer les quartiers périphériques, créer un système moderne de transports (tramways, métro), accueillir des nouveaux habitants venus de très loin, panser les plaies de la Commune, garder son rang de capitale internationale grâce aux 3 grandes expositions (1878, 1889, 1900), affronter les problèmes de logement des classes populaires, autant de tâches urgentes pour les responsables tout en construisant un régime municipal plus démocratique mais toujours sous tutelle de l’Etat.

18 février : Tenir la rue. Manifestations et activistes face à la IIIe République.
Eric Fournier (maitre de conférences - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Face à une République qui ne considère pas le droit de manifester comme une liberté nécessaire, plusieurs groupes politiques, surtout à gauche, entendent (re)prendre la rue pour contester le régime, le faire chuter, ou simplement exercer leur citoyenneté. Chaque manifestation peut donc tourner à l’émeute, avant que ne se mette en place, tardivement, un rapport de force négocié, mais toujours incertain, avec les autorités.

11 mars : La vie à crédit, classes populaires parisiennes et nouvelles consommations
Anaïs Albert (maitresse de conférences en histoire contemporaine, Université de Paris Diderot)

A Paris à la Belle Epoque, les classes populaires accèdent à des biens nouveaux – armoire à glace, machine à coudre ou bicyclette par exemple – grâce notamment à des grands magasins vendant à crédit qui ont largement recours à la publicité pour vanter cette « vie moderne » et désirable. Ces nouvelles consommations, perçues par les contemporains, génère de multiples réactions : stigmatisation et anxiété chez les élites, ou bien envie et frustrations de ceux et celles qui en restent encore exclues.

18 mars : A table dans le Paris de la Belle Epoque
Vincent Robert (maitre de conférences émérite en histoire contemporaine, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)

Le Paris de la Belle époque est aussi celui des palaces et des grands restaurants, d’Auguste Escoffier, « premier chef du monde » et du gigantesque banquet des maires de France lors de l’exposition universelle de 1900. Mais c’était aussi une ville où beaucoup mangeaient dans les Bouillons économiques du centre ou dans les gargotes des faubourgs ; une ville où les midinettes s’affamaient, où les ouvriers mangeaient, à leur faim, mais mal, et buvaient plus mal encore… Derrière les apparences brillantes, c’est cette variété et ces contrastes que cette conférence voudrait explorer.

25 mars : Étudiantes et étudiants à Paris dans les années 1880-1914
Carole Christen-Lécuyer (professeure en histoire contemporaine, Université du Havre)

En raison des réformes universitaires de la République, la vie étudiante change profondément avec notamment l’ouverture aux femmes, la présence renouvelée d’étudiants étrangers, la croissance des inscrits qui doivent se faire une place dans une ville de plus en plus divisée et agitée par de nouveaux mouvements politiques. Loin du folklore et des images d’Epinal on montrera l’envers du décor du Quartier Latin à la Belle-Epoque.

8 avril : Danseurs et danseuses sur les scènes parisiennes
Claire Paolacci (Docteure en histoire contemporaine, Musée de la musique)

Alors qu’en 1881, Edgar Degas crée le scandale avec sa Petite danseuse de quatorze ans lors de l’exposition impressionniste parisienne, la danse est en pleine effervescence dans la ville lumière. Dans les années 1890, Valentin le Désossé et la Goulue triomphent au Moulin Rouge avec le French Cancan et Loïe Fuller connaît d’immenses succès avec ses danses de voiles aux Folies-Bergère. En 1900, l’année de l’exposition universelle, Isadora Duncan se produit au théâtre Sarah-Bernhardt et introduit la danse libre. En 1909, Serge Diaghilev présente ses Ballets russes au Théâtre du Châtelet. Ainsi, loin d’être une période de désaffection pour la danse, 1880-1910 s’avère être un moment de mutation qui porte en germe la modernité chorégraphique du XXe siècle.

15 avril : Quelle place pour l’aristocratie dans le Paris républicain ?
Alice Bravard (professeure agrégée, docteure en histoire contemporaine, Centre de recherches en histoire du XIXe siècle)

Paris, îlot de libertés dans une Europe monarchique autoritaire, espace de promotion sociale, centre de création artistique et littéraire, lieu de fêtes et de divertissements, apparaît comme la capitale du progrès et de la modernité à la Belle époque. Pourtant, la vie mondaine « fin de siècle » semble encore animée par une société aristocratique dominée par les héritiers de l’Ordre ancien.

6 mai : Un confesseur du beau monde et des petites gens dans le Paris déchristianisé de la Belle époque : l’abbé Huvelin.
Philippe Boutry (professeur émérite en histoire contemporaine, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Le Paris de la Belle Époque est une ville dans l’ensemble déchristianisée, où coexistent différentes croyances et incroyances. Pour ce qui concerne les catholiques, une nette différence se fait jour entre les quartiers plus bourgeois de l’Ouest parisien, où la pratique religieuse demeure importante, et les quartiers populaires de l’Est parisien, indifférents ou hostiles. Pour éclairer la situation religieuse de la capitale, on dispose d’un témoignage passionnant : les journaux et carnets d’un prêtre parisien, Henri Huvelin (1838-1910), fils d’employé, élevé dans le IXe arrondissement, ancien élève du lycée Bonaparte (aujourd’hui Condorcet) et de l’École normale supérieure, qui poursuit une carrière obscure de vicaire dans deux paroisses parisiennes, Saint-Eugène puis Saint-Augustin. Il confesse principalement bourgeoises et domestiques sa vie durant ; il convertit tour à tour Émile Littré sur son lit de mort puis un jeune officier, Charles de Foucauld. Ses notes éclairent d’une lumière vive le catholicisme au quotidien dans la métropole parisienne à la veille de la Grande Guerre.

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Petit Palais – Musée des beaux-arts de la Ville de Paris 2 avenue Winston-Churchill Paris 75008